Disques

La guitare au service de Satie

Sébastien Llinares tient une place à part dans le monde de la guitare. Après une formation classique, ce Toulousain de naissance a mené de front des études de musicologie et de jazz. Le musicien sensible qu’il est s’intéresse à toutes les musiques. Il pratique en outre tous les types de guitare, baroque ou électrique ! Après avoir visité le monde de Turina, celui de Bach et rendu hommage à la musique française du XXème siècle, le voici qui prolonge cette exploration en s’appropriant avec esprit le monde si particulier d’Erik Satie.

Etrange personnage que ce compositeur un peu misanthrope et pourtant devenu aujourd’hui populaire et apprécié. Ce précurseur d’un style qui souhaitait rompre avec l’image romanesque du romantisme reste attachant par l’originalité de sa personnalité. Son humour si particulier, parfois proche de l’absurde qui fleurira au XXème siècle, n’est que l’un des traits de son caractère et de son talent. S’il a fréquenté la fine fleur des créateurs importants de son époque, comme Debussy, Stravinsky, Picasso et bien d’autres, il est toujours resté en marge du microcosme mondain de son temps. Satie intrigue, Satie fascine.

Les titres de ses œuvres, le plus souvent sans relation aucune avec leur contenu musical, constituent en eux-mêmes de petits chefs-d’œuvre : Tyrolienne turque, Trois morceaux en forme de poire, Embryons desséchés, Avant-dernières pensées, Airs à faire fuir… Et puis, il y a ces mystérieuses pièces qui font l’essentiel de sa gloire actuelle, le Six Gnossiennes et les Trois Gymnopédies.
Dans son nouvel album, Sébastien Llinares opère un choix judicieux de pièces touchantes qu’il transcrit et joue sur sa guitare.

L’adéquation de la musique à son instrument séduit immédiatement. On en vient à se demander si ces pièces n’ont pas été pensées pour la guitare ! Les Six Gnossiennes ouvrent cet album dans la continuité. Comme l’indique l’interprète dans la plaquette : « Pas de transcription ni d’arrangement à proprement parler, il suffit de les lire… » L’organisation des pièces enregistrées ici obéit à un ordre subtil et astucieux. Ainsi Españaña réalise une belle transition avec la nostalgie poétique des Trois Gymnopédies, elles-mêmes entrelardées, comme en contrepoint, de courtes partitions, notamment la plus célèbre d’entre elles, la mélodie Je te veux.

A la suite de Caresse, jouée « comme un blues fatigué », s’ouvre la transcription la plus élaborée, celle des six sections du ballet Parade, composé sur un poème de Jean Cocteau, avec les décors, les costumes et le rideau de scène de Pablo Picasso. Sébastien Llinares réalise là une véritable performance en « réduisant » pour deux guitares la complexité d’une orchestration pleine de surprises. Le procédé du re-recording lui permet d’en rester l’unique interprète. Lorsqu’on a dans l’oreille l’original pour orchestre, on croit entendre la machine à écrire et la sirène de bateau… Comme sur un clin d’œil, ce panorama séduisant de bout en bout se referme sur Modestement, extrait des Airs à faire fuir.

Voici un recueil dont le charme particulier et subtil s’écoute volontiers dans la continuité.

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