Réunir Haydn et Mozart sur un même album CD, rien de plus logique. Réaliser ce dialogue dans un programme construit autour de l’orgue n’est déjà pas très courant. Ajouter des percussions au roi des instruments a de quoi surprendre a priori ! Néanmoins le résultat ménage de bien belles découvertes.
Les habitués du festival international Toulouse les Orgues verront dans cette parution le prolongement d’une association fertile et imaginative qui a occupé quelques belles soirées automnales de la Ville rose. Yves Rechsteiner, directeur artistique du festival, est à ici la console de l’orgue Kuhn de la cathédrale de Berne. Son compère, le percussionniste Henri-Charles Caget, le rejoint dans cette suite de duos apparemment iconoclastes, mais finalement bien dans l’esprit des deux compositeurs, si proches et si liés par une amitié authentique et profonde.
Comme l’indique Yves Rechsteiner, à propos des sessions d’enregistrement, « Quelques fois, quand les castagnettes se déchaînaient au milieu d’une sonate pour piano, nous demandions pardon à Wolfgang Amadeus en imaginant qu’il aurait bien rigolé s’il avait été là. »
C’est bien l’impression que laisse l’écoute de cette parution ! Le choix des pièces arrangées par les interprètes eux-mêmes, obéit en outre à une logique musicale imparable. Ainsi les deux opus qui ouvrent le programme empruntent les chemins épicés d’esprit du grand Joseph Haydn.
En particulier, on ne peut que sourire d’aise à l’écoute de la transcription de l’Andante de la Symphonie « La surprise » (n° 94) dont les deux compères explicitent l’irrésistible sens de l’humour. Quoi de plus évident, également, que l’introduction de la percussion dans le Rondo Alla Turca de Sonate K 331 de Mozart ?
Pas moins de cinq extraits de symphonies de Haydn bénéficient de ce traitement astucieux ou inattendu qui explicite le caractère de chaque pièce, comme le tic-tac de la Symphonie « L’horloge », ou la ponctuation renforcée du Presto de la Symphonie « Oxford ».
La transposition du piano à l’orgue, comme dans le touchant Rondo en la mineur K 511 de Mozart, fait l’objet d’un soin tout particulier de la part de l’interprète. C’est également le cas de la géniale Fantasia K 475 à laquelle les percussions apportent leur soutien. Discrètes lorsque le texte musical prend un caractère de méditation, mais efficacement présentes dans les moments dramatiques.
Cette parution porte bien son nom en forme de jeu de mot : MozaHayique !