Disques

Callas, encore et toujours

Les enregistrements de ce Turc ne sont évidemment pas légion. Ironie du sort, le premier (EMI) est incontournable. Même aujourd’hui, car il possède un vrai trésor dans sa distribution : Maria Callas. Véritable colorature dramatique, elle sort Fiorilla des affèteries propres aux sopranos légers afin de donner tout son poids vocal et dramatique à un personnage largement plus complexe qu’il n’y paraît. N’oublions jamais qu’il s’agit d’un dramma buffo.

Calabrese, Gedda, Rossi-Lemeni et le légendaire Stabile sont de cette résurrection avec un talent incroyable face à une œuvre sortant à peine de l’oubli. Même le maestro Gavazzeni, dont ce n’était pas du tout le répertoire, se montre à la hauteur de l’évènement.

 
Incontournable donc malgré la très alléchante et dernière version en date (DECCA), à nouveau avec les phalanges de la Scala de Milan, des phalanges dont le son, plus de quarante ans après et sous la direction de Riccardo Chailly, n’est plus tout à fait le même, aujourd’hui plus soyeux, moins massif, plus aérien, moins agressif.  Certes, Cecilia Bartoli, avec sa petite voix de mezzo colorature, tire parfois Fiorilla vers une inconsistance coupable, mais quelle musicalité !

Quelle virtuosité ! Ramon Vargas, sans avoir la souplesse vocale nécessaire, campe un Narciso tout à fait crédible et les clés de fa, Michele Pertusi (Selim), Alessandro Corbelli (Geronio) et Roberto de Candia (Prosdocimo) sont des parangons d’un style extraordinairement exigeant.

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