Odyssud célèbre la fête de la nativité dans la joie de la tradition occitane. Le grand spectacle du Noël Baroque Occitan, créé voici déjà trois ans, est de retour sur la grande scène blagnacaise. Ce 5 décembre, s’instaure alors un étonnant dialogue entre musique savante et musiques traditionnelles. Ce qui, a priori, pouvait ressembler au mariage de l’eau et du feu, de la carpe et du lapin, révèle un nouvel enrichissement mutuel de deux pratiques musicales complémentaires.
La séquence finale de ce Noël Baroque Occitan à laquelle le public participe ardemment
– Photo Classictoulouse –
Ce spectacle, rappelons-le, associe dans une même célébration de la fête de Noël à la mode occitane deux ensembles professionnels pratiquant au plus haut niveau le répertoire baroque à un groupe d’artistes profondément ancrés dans la tradition populaire. Les deux ensembles, « Les Passions » dirigé par Jean-Marc Andrieu et « Les Sacqueboutiers », dont les activités en faveur de la musique ancienne sont bien connues des mélomanes, entourent un groupe de chanteurs et musiciens traditionnels, coordonnés par Eric Montbel, bien au fait des pratiques liées à ces Noëls occitans.
L’humeur joyeuse préside à cette célébration qui alterne chants traditionnels, brillamment harmonisés par Eric Montbel, et musique instrumentale. Parmi les incantations des chanteurs traditionnels, le mélange étonnant du timbre rocailleux et profond d’Equidad Barès, sorte de Giovanna Marini du pays d’Oc, avec la voix d’ange de Nadia Lavoyer, fait merveille. Rénat Jurié, tel un barde plein de sagesse, Guy Bertrand homme orchestre équipé de ses instruments multiples et Eric Montbel lui-même, habile souffleur de cornemuse (cette savoureuse « boudègue » occitane), animent l’ensemble avec vigueur et bonhomie, mêlant piété, nostalgie et truculence.
Quant aux musiciens de pratique « savante », ils jouent le jeu avec une conviction qui fait chaud au cœur, sans pour autant renoncer au raffinement de leurs gestes musicaux. Jean-Marc Andrieu mêle ses diverses flûtes au riche instrumentarium traditionnel. Nirina Bougès (violon) et Etienne Mangot (viole de gambe), Jean-Pierre Canihac (cornet à bouquin), Daniel Lassalle (sacqueboute), Laurent Le Chenadec (basson) et Florent Tisseyre (percussions) tissent autour des chanteurs une sorte de toile instrumentale d’une grande beauté. Au cours de cette édition 2011, se manifestent une tendresse et un élan tout particuliers que le public perçoit et accompagne avec chaleur.
Mis à contribution par Renat Jurié à l’issue de la soirée, ce public entonne sans se faire prier les plus célèbres des chants traditionnels qui trouvent ici une résonance particulière et profonde. L’écho final se fait chaleureux et fraternel : « Cantem Nadal, Nadal, Nadal… ».
