Concerts

Musique française d’hier et d’aujourd’hui

La troisième création de Karol Beffa pour l’Orchestre du Capitole ouvrait le concert d’abonnement du 27 mai dernier. En trois ans de résidence auprès de la formation toulousaine, Karol Beffa a donc composé trois grandes partitions à l’intention de l’orchestre et de son directeur musical, Tugan Sokhiev. Après « Paradis artificiels », créé en mars 2007, ce fut son concerto pour violon et orchestre, dédié à Renaud Capuçon, créé par son dédicataire en janvier 2008.

Tugan Sokhiev, Karol Beffa, Boris Berezovsky et l’Orchestre du Capitole lors de

la création
du concerto pour piano et orchestre de Karol Beffa (© Ville de Toulouse)

La genèse du concerto pour piano et orchestre, découvert par le public les 27 et 28 mai, est un peu différente. Cette vaste partition de près de trente minutes doit, en quelque sorte, sa naissance à son dédicataire et interprète soliste, Boris Berezovsky. Le grand pianiste russe a en effet découvert la première œuvre toulousaine de Karol Beffa, « Paradis artificiels », alors qu’il jouait lui-même la « Rhapsodie sur un thème de Paganini », de Rachmaninov, au cours du même concert de création. C’est Boris Berezovsky lui-même qui demanda à Karol Beffa d’écrire pour lui un concerto pour piano.

La naissance de cet enfant hautement désiré reçut, ce 27 mai, un accueil enthousiaste. On peut même dire, un accueil exceptionnel, puisqu’il nécessita la reprise en bis du final par les interprètes visiblement ravis. Il faut reconnaître que la musique de Karol Beffa ne recherche pas l’ésotérisme de certaines tendances de la production contemporaine. Pour lui, à l’évidence, l’écoute doit constituer un plaisir. C’est une fois de plus le cas avec ce concerto.

Riche de rythmes, de couleurs, de sonorités, cette pièce en deux volets (est-ce un souvenir de cet autre concerto, pour violon cette fois, d’Alban Berg, baptisé « A la mémoire d’un ange » ?) agrippe l’auditeur dès ses premières notes et ne le lâche qu’après un voyage contrasté et stimulant, plein d’images et d’imprévu. Bien sûr il est possible d’y déceler des filiations, avouées, conscientes ou non. Le polyrythmie d’un Nancarrow (compositeur d’origine américaine disparu en 1997), les jeux de couleurs d’un Bartók, le motorisme exalté d’un Prokofiev, le sens des crescendos inextinguibles d’un Ravel (notamment dans ses concertos pour piano)… Mais l’originalité de cette musique reste indéniable, personnelle. Le dialogue entre le piano solo et tous les pupitres de l’orchestre évoque par instants comme un battement de cœur dont l’attention ne peut se détacher. Le final, en particulier, bouillonnant et explosif, balaie tout sur son passage. Un grand bravo à Boris Berezovsky dont la performance technique, mais aussi la musicalité et la chaleureuse implication font merveille. L’orchestre se montre à la hauteur du défi. Dirigé avec une précision diabolique par un Tugan Sokhiev survolté, il s’acquitte de sa difficile tâche avec panache. On attend la suite de cette fructueuse collaboration !

Le compositeur en résidence auprès de l’Orchestre du Capitole, Karol Beffa

(© Patrice Nin)

Debussy, avec deux de ses plus belles pièces symphoniques, complétait ce concert de musique française. Un reste d’adrénaline de la première partie de la soirée imprégnait l’exécution frémissante des trois mouvements d’Iberia pièce centrale des Images pour orchestre. Couleurs éclaboussées, atmosphère changeante, de la nuit à la fête.

Avec La Mer, Tugan Sokhiev explore avec soin la complexité d’une partition foisonnante et subtile. Il soigne tout particulièrement la progression des atmosphères successives. La traduction musicale du lever du jour, celles du balancement des vagues, de l’irruption du soleil prennent un relief étonnant. En particulier, le « Dialogue du vent et de la mer » conclut l’œuvre sur une évocation dramatique, sauvage même. Peut-être bien celle d’une éblouissante tempête. La fin d’un beau voyage !

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