Concerts

L’histoire musicale de Françoise de Foix

Les Rencontres des Musiques Baroques et Anciennes, organisées par Odyssud, s’achevaient, ce 2 avril dernier, sur l’évocation musicale d’un personnage emblématique de notre histoire : la belle Françoise de Foix, épouse du Seigneur de Châteaubriand, mais surtout connue pour avoir été la maîtresse du roi François 1er. A l’initiative de l’ensemble vocal Scandicus, dirigé par Jean-Louis Comoretto, le projet d’un spectacle associant récit, chant et musique instrumentale s’est concrétisé. Aux voix des Scandicus et à celle du comédien Thierry Peteau s’est finalement joint l’ensemble de cuivres anciens de Toulouse Les Sacqueboutiers, mené par Jean-Pierre Canihac.
La genèse de ce projet repose sur une recherche obstinée des sources littéraires et musicales de cette « épopée amoureuse ». L’idée a ainsi pu se concrétiser grâce à la découverte d’un volume de lettres échangées entre Françoise de Foix et François 1er, puis celle du « Chansonnier de Françoise de Foix », un riche recueil de chansons de la Renaissance rassemblé par Charles de Bourbon et conservé à la British Library de Londres. Ce chansonnier abrite l’art raffiné des plus grands maîtres de la Renaissance. Des pièces vocales et instrumentales d’Alexandre Agricola, de Pierre de La Rue ou encore d’Antoine de Févin déclinent, dans ces miniatures polyphoniques, des sujets de cour et font cohabiter amour divin et amour terrestre, passion et trahison, guerre et paix, autant de thèmes qui viennent, en quelque sorte, illustrer la vie de Françoise de Foix.

L’Ensemble Scandicus rend ainsi hommage à cette grande dame de la cour de François 1er, injustement oubliée par l’Histoire, avec ce spectacle musical et théâtral dans lequel la musique se fait commentaire et écho des lectures de pièces poétiques et épistolaires d’époque en français ancien, pour une immersion totale dans l’univers de la cour de François 1er.

Les ensembles Scandicus et Les Sacqueboutiers : l’hommage à Françoise de Foix

– Photo Classictoulouse –

« Ecoutez tous, gentils gallois, l’illustre destinée de Françoise de Foix, mye du Roi François 1er ! On raconte qu’elle aurait été saignée à blanc par son mari jaloux, le seigneur de Chateaubriand, une nuit sans lune ! Rouge sang sont les murs du château ! » .

C’est ainsi que débute cette évocation historique. Le comédien Thierry Peteau apparaît alors, revêtu de la robe d’homme de loi de Paul Lacroix, cet historien du XIXème siècle qui soutient cette thèse (hypothèse ?) de l’assassinat de l’héroïne dans un récit biographique très documenté. Plus loin dans la soirée, ce même acteur prend les traits, les atours et l’accent (en vieux français) du Roi François pour lire quelques extraits de la correspondance qu’il échangea avec sa maîtresse et pour entonner avec talent un chant nostalgique autant que royal.

Née en 1494, la belle Françoise est la fille de Jean de Foix, seigneur de Lautrec et de Jeanne d’Aydie, comtesse du Comminges. Dès l’âge de onze ans, sa cousine Anne de Bretagne la demande à la cour de son époux, le Roi Louis XII. Elle est alors remarquée pour sa beauté : « beauté farouche qui estoit impossible d’apprivoiser ». Amie des arts, intelligente et cultivée, son autorité littéraire est attestée par divers manuscrits qui renferment plusieurs de ses œuvres. En 1509 Françoise épouse Jean de Laval-Montmorency, seigneur de Châteaubriand et quitte la cour du roi de France.

Au lendemain de la bataille de Marignan, Madame de Châteaubriand est accueillie à la cour de François 1er et le roi galant ne tarde pas à en faire sa favorite. Durant dix années, Françoise de Foix restera à la cour comme « dame d’honneur » de la reine sans cacher sa liaison avec François 1er. Elle deviendra Françoise, « la mye du roi »…

Ce récit est donc largement illustré de pièces vocales et instrumentales qui alternent les atmosphères. De la déploration plaintive de Johannes Ockeghem « Mors tu as navré » à la grivoiserie de Josquin Des Prés « Baisez moy, allegez moy », les intermèdes musicaux ponctuent le récit dans une tonalité essentiellement nostalgique. L’intervention périodique du luth, joué par Pascale Boquet, apporte un élément intimiste touchant. Le point culminant de la soirée reste évidemment l’évocation haute en couleurs de la fameuse Bataille de Marignan (1515, n’est-ce pas ?) commise par un Clément Janequin déchaîné. Les onomatopées, les cris de lutte et finalement de victoire sont soutenus par le cornet à bouquin, la sacqueboute, la chalemie, la dulciane, l’orgue et cette percussion indispensable qui scande le combat. La conclusion revient au Requiem attristé de Jean Richafort.

Cette belle association entre les voix de Scandicus et les habiles interventions instrumentales des Sacqueboutiers devrait se poursuivre afin de perpétuer ce projet poétique et élaboré.

Partager

Bertrand Chamayou de retour à Toulouse
Le 29 avril prochain, Grands Interprètes invite le grand pianiste toulousain pour un récital particulièrement attendu.
Souvenirs d’Europe centrale au programme des Clefs de Saint-Pierre
La 25ème saison des Clefs de Saint-Pierre se conclut le 28 avril prochain.
L’Orchestre national du Capitole reçoit Ton Koopman et la Maîtrise de Toulouse
Mozart et Pergolesi sont inscrits au programme du concert donné le 25 avril prochain par l’Orchestre national du Capitole sous la direction de Ton Koopman.
BALLET NATIONAL DU CAPITOLE : LE RETOUR DE LA FILLE AUX YEUX D’ÉMAIL.
Coppélia – Natalia de Froberville – Ramiro Gomez Samon en répétition-  © David Herrero Coppélia revient sur la scène du Capitole ; elle nous était venue en 2016 de la main de Charles Jude, c’est une autre ancienne étoile de l’Opéra, Jean Guillaume Bart qui nous la ramène aujourd’hui.. Coppélia,
La grande dame du piano et son complice en musique
Le retour à Toulouse de Martha Argerich constitue toujours un événement musical particulier.
BALLET NATIONAL DU CAPITOLE – SAISON 2025-2026  
Pour sa   troisième saison à la direction du Ballet National du Capitole , Beate Vollack nous fait quatre propositions où l’on retrouve toutes les formes de danse, du classique au néo-classique et au contemporain. Certains ballets sont à revoir, d’autres sont des créations. Pour célébrer le cent cinquantième anniversaire