Septième date sur une tournée internationale qui n’en compte pas moins de vingt-quatre et qui conduira Michel Legrand et Natalie Dessay jusqu’au Bridgewater Hall de Manchester le 5 mai 2014, ce 10 novembre dernier était un rendez-vous particulier, autant pour le public toulousain que pour Natalie Dessay.
Morte de trac en début de concert (c’est elle-même qui l’a dit), celle qui fut notre dernière Manon au Théâtre du Capitole il y a un mois, nous revenait donc dans ses robes à paillettes et son fourreau rouge un rien provoquant, pour nous chanter le répertoire de Michel Legrand. Elle nous avait confié sa passion pour ce musicien dans ces mêmes colonnes il y a peu, un CD sorti ce mois-ci nous faisait découvrir son nouveau talent. Il ne restait plus qu’à juger de visu et de auditu, en direct. Voilà la chose faite devant une halle comble qui lui réserva une standing ovation que seul l’horaire de l’avion qui amenait toute l’équipe pour le concert du lendemain à La Cité des Congrès de Nantes parvint à stopper.
Michel Legrand et Natalie Dessay
– Photo Daniel Maignan/Erato –
Accompagnant ce récital avec une fougue, une énergie et une vivacité extraordinaires, Michel Legrand nous rappelle si besoin était quel magnifique musicien (plusieurs fois oscarisé) et quel pianiste virtuose (élève de Nadia Boulanger) il est. Sur scène, le contrebassiste Pierre Boussaguet, le batteur François Laizeau et la harpiste Catherine Michel (épouse de Michel Legrand) complètent ce quatuor qui va chaleureusement entourer cette nouvelle venue dans leur monde musical. Tous les standards du répertoire de Michel Legrand sont au rendez-vous, notamment les thèmes des films Un été 42, Yentl, L’affaire Thomas Crown, Les Demoiselles de Rochefort, Les Parapluies de Cherbourg et Peau d’Âne. Mais bien sûr ce n’est pas tout, Claude Nougaro parolier s’invite avec Le Cinéma, Mon dernier concert, Le Rouge et le Noir. Ce sont au total deux heures d’une communion que l’on sent complète entre la chanteuse et son – nouveau – public, Natalie Dessay et cette musique, ces musiciens, ces chansons auxquelles elle va donner tout son talent remodelé. Car, en effet, contrairement à d’autres chanteurs ayant fait la même démarche, Natalie Dessay ne joue pas les sopranos, elle met sa voix exclusivement à la disposition de l’essence même de ces mélodies aujourd’hui devenues éternelles et non pour faire entendre une Olympia ou une Reine de la nuit perdues sur des chemins de traverse. Grâce lui soit rendue pour cette humilité et cette intelligence artistique.