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Adam Laloum, le grand poète du piano

Dans le cadre de cette 4ème édition du Festival de Toulouse, l’Auditorium Saint-Pierre des Cuisines recevait, le 30 juin dernier, cet artiste de premier plan, formé dans les institutions musicales toulousaines. Adam Laloum est reconnu comme l’un des grands poètes du piano de notre temps, récompensé notamment lors du prestigieux concours Clara Haskil de Vevey en 2009 et aux Victoires de la Musique classique 2012.

Présenté par Nicole Yardeni, Adjointe au maire de Toulouse et Déléguée aux musiques, et par Julien Martineau, le fondateur en 2022 du Festival de Toulouse, ce concert a attiré ce soir-là un large public qui n’a pas craint d’affronter la canicule pour acclamer l’un des plus authentiques musiciens, subtil explorateur des terres romantiques de Schubert, Schumann et Brahms.

Nicole Yardeni et Julien Martineau présentant le concert – Photo Classictoulouse –

A la suite d’un récital donné par Adam Laloum au Théâtre des Champs Elysées, le musicologue Alain Lompech a écrit : « Le public mettra du temps à sortir du songe dans lequel il a été plongé par ce jeune homme dont la conviction musicale est tout entière soumise à un texte déchirant qui fait entrevoir la vie désespérément sans amour partagé de Schubert ». C’est exactement ce qui s’est produit à l’issue de ce concert toulousain consacré par Adam Laloum à ce plus grand compositeur de lieder de son temps !

Le programme de cette soirée réunissait deux des plus émouvantes partitions de Schubert, la Sonate pour piano n°16 en la mineur D. 845 et la Sonate pour piano n°21 en si bémol majeur D. 960, la toute dernière de la série.

Dès les premières notes de la D. 845, la magie opère. Comme cela sera le cas tout au long de cette soirée, l’auditeur est saisi par ce subtil mélange du jeu du pianiste entre intensité et délicatesse. La gamme infinie de nuances qui caractérise ses interprétations résonne avec un naturel absolu, comme héritée du domaine du lied dans lequel s’exprime en majesté le compositeur. Néanmoins, le soin du détail et celui de chaque élément du phrasé ne masquent jamais la grande ligne, l’architecture qui caractérise la structure de l’ensemble.

Adam Laloum – Photo Classictoulouse –

Une ombre élégiaque plane sur les quatre mouvements de cette Sonate n° 16. Une alternance subtile entre ombre et lumière caractérise son premier volet Moderato, déchiré entre crainte et espoir. L’Andante à variations qui suit s’écoute comme un lied sans parole alors que l’interprète souligne avec vigueur les audaces harmoniques du Scherzo. Son Trio prend d’ailleurs des allures presque brahmsiennes. Le Rondo : Allegro vivace conclut la brillante exécution de cette partition d’une troublante inventivité autant mélodique qu’harmonique.

Avec la dernière Sonate n°21 en si bémol majeur du même Schubert, qui complète ce programme, Adam Laloum s’investit dans le chef-d’œuvre absolu du genre, d’une portée musicale et expressive majeure. Il indique d’ailleurs qu’il l’aborde ce soir-là en public pour la toute première fois. Nul doute que sa réflexion sur cette partition ne date pas d’hier ! Il en délivre les sublimes beautés avec une intensité et une profondeur dignes des plus prestigieux interprètes. On pense aux deux grands disparus que furent Radu Lupu et Alfred Brendel qui ont notamment marqué ce répertoire. Les premières mesures du Molto moderato initial sont abordées par Adam Laloum avec ce sentiment infini de nostalgie, de souvenirs, de regret, qui se mêlent avec une immense émotion. Dès ce premier volet, le poids des silences impressionne. La longue plainte du deuxième mouvement, Andante sostenuto, prend la forme d’une profonde déploration. Les deux derniers mouvements, sous leur aspect de détente, n’en poursuivent pas moins les éléments d’introspection de l’ensemble de l’œuvre. L’interprète souligne la finesse poétique du Scherzo : Allegro vivace con delicatezza. Enfin, les trois éléments mélodiques qui composent le final Allegro ma non troppo, en forme de Rondo, se succèdent habilement jusqu’à le brillante et brève strette, Presto, qui conclut la sonate sur un éclat assumé et joyeux, en puissant contraste avec la plainte initiale. Le toucher du pianiste y déploie une variété stupéfiante de sonorités.

Adam Laloum au salut final – Photo Classictoulouse –

L’accueil enthousiaste du public incite le musicien à offrir un prolongement à cette rencontre. Un premier bis reste schubertien. Il s’agit du tendre Moment musical n° 2 Moderato, en ut majeur au subtil balancement. Rappelé avec insistance, Adam Laloum joue l’Intermezzo op.117 n°1 en mi bémol majeur de Johannes Brahms, émouvante méditation au service duquel se place l’interprète.

La soirée aurait pu encore se prolonger… Saluons la beauté à l’état pur de cette prestation musicale.

Serge Chauzy

Programme

  • F. Schubert :
  • Sonate pour piano n°16 en la mineur D. 845
  • Sonate pour piano n°21 en si bémol majeur D. 960

Informations et réservations : https://metropole.toulouse.fr/actualites/festival-de-toulouse

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