L’ombre de Johann Sebastian Bach plane sur toute la musique occidentale post-baroque. Son œuvre constitue le réservoir inépuisable de nombreux programmes de concert. L’Orchestre de Chambre de Toulouse et son directeur Gilles Colliard se ressourcent auprès de ce répertoire pour nourrir les trois prochains concerts de leur saison d’abonnement, les 11, 12 et 14 avril.
L’essentiel de la production du Cantor de Leipzig concerne la musique destinée à l’office religieux. Quatre ou cinq Passions, dont deux seulement nous sont parvenues, plusieurs centaines de cantates sacrées, des oratorios et des messes, dont la sublime en si mineur, suffiraient à assurer la gloire de ce génie universel. Mais tout un pan important de sa production concerne la vie profane de son temps. Avant d’endosser l’habit de Cantor de l’église Saint-Thomas de Leipzig, Bach a mené à Coethen, de 1717 à 1723, une vie de compositeur de musique profane. Pièces pour clavier, pour petits ensembles, concertos pour divers instruments constituent une somme irremplaçable d’inventivité et de création originale.
Gilles Colliard présentant un concert avec les musiciens de l’Orchestre de Chambre de Toulouse (Photo Classictoulouse)
Deux des six Concertos Brandebourgeois et le concerto pour violon et hautbois seront interprétés au cours de ces concerts. Les Concertos Brandebourgeois sont ainsi nommés car ils ont été écrits en 1721 pour le Margrave de Brandebourg, Christian Ludwig. La dédicace amphigourique, rédigée en français comme cela était la coutume à l’époque, qui accompagne la partition commence ainsi : « Six Concerts Avec plusieurs Instruments Dédiées A Son Altesse Royalle Monseigneur Crêtien Louis, Marggraf de Brandenbourg & c. & c. & c., par Son tres-humble & très obeissant Serviteur Jean Sebastian Bach. Maître de Chapelle de S.A.S. le prince regnant d’Anhalt-Coethen. »
Ces six concertos nécessitent des effectifs musicaux différents, et la diversité sonore qu’ils nous offrent est l’une des raisons de leur succès universel. Les deux partitions choisies par Gilles Colliard en sont l’exemple frappant. Le Concerto n°4, BWV 1049 en sol majeur, est écrit pour violon, deux flûtes à bec alto, cordes et basse continue. Pour le Concerto n°5, BWV 1050 en ré majeur, le violon solo, la flûte solo et le clavecin jouent un rôle primordial. En particulier, la partie de clavecin comporte une cadence exceptionnellement développée, ce qui laisse à penser que Bach, virtuose en la matière, se réservait cette contribution.
Le concerto BWV 1060 en ut mineur associe le hautbois et le violon à l’ensemble de cordes habituel. Cette autre version du concerto pour deux clavecins établit un dialogue brillant entre les deux instruments. Il sera interprété par Xavier Miquel, hautbois et Gilles Colliard, violon.