DVD

Un concert, une cérémonie, une histoire, un culte

      Le plus grand événement planétaire de l’année musicale se tient chaque 1er janvier que le Bon Dieu fait depuis 75 ans dans la Salle dorée du Musikverein de Vienne, lieu privilégié entre tous où l’on peut entendre le plus bel orchestre du monde, le célébrissime Philharmonique viennois, orchestre qui fête cette année les 175 ans de sa fondation.   Le concert de 2017 a été retransmis dans 90 pays et écouté, regardé, admiré par plus de 50 millions de spectateurs. Sans compter la poignée de chanceux tirés au sort pour y assister en direct après avoir déboursé entre 35 € et… 1090 € ! Au programme, bien sûr l’enfant, ou du moins la famille chérie des Viennois, la famille Strauss, ses polkas, ses galops, ses valses. Cette année, sous la direction du plus jeune chef de son histoire, le vénézuélien Gustavo Dudamel (36 ans), le programme laissait un peu de place à Franz Lehár, Emile Waldteufel, Franz von Suppé, Carl Michael Ziehrer et Otto Nicolaï. De plus, huit morceaux sur vingt étaient donnés pour la première fois lors de ce Concert du Nouvel An. Une occasion de découvrir, entre autres, l’ouverture de La Dame de pique, une opérette de Franz von Suppé qui n’a rien à voir avec le roman de Pouchkine dont s’inspirera Tchaïkovski, une opérette dont le rôle principal, celui d’une liseuse de cartes, fut créé par rien moins qu’Amalie Materna qui fut la première Brünnhilde de Bayreuth en 1876 ! Comme chaque année, le charme un peu rétro de ce concert opère. Et ce ne sont pas les prises de vues kitchissimes et mille fois vues qui vont donner un coup de jeune à cette manifestation, tout comme les chorégraphies de Renato Zanella.   Et pourtant, on se laisse entraîner par la légèreté de ces rythmes, on en redemande car les bis eux-mêmes sont codés au point d’être clonés dans le monde entier (La Marche de Radetzky par exemple). Mais, planant au-dessus d’un événement musical qui semble un brin statufié, il y a le bonheur d’entendre le « Philhar », le seul, l’unique, le magnifique, l’insurpassable, l’éternel, le viennois, avec ses cuivres chaleureux et veloutés et ses cordes d’un autre monde. A leur sujet, écoutez attentivement cette ouverture de La Dame de pique. A tomber par terre ! Le DVD offre en bonus un film intitulé Les Rythmes de Vienne nous mettant dans les pas de divers artisans, sculpteurs, cuisiniers, joaillers, etc. qui se retrouvent pour valser ensemble aux quatre coins de la capitale autrichienne, accompagnés par des ensembles prestigieux.La valse vécue alors comme l’âme même d’un pays. Un grand moment de paix, de beauté, un moment qui donne plus que jamais un sens à cette réflexion de Friedrich Nietzsche : Sans la musique la vie serait une erreur.

Partager