DVD

Jusqu’au bord des larmes

                Ce spectacle, capté au Festival d’Aix en Provence 2011, a donné lieu à un véritable combat de critiques, tant en ce qui concerne la production, que la direction d’orchestre et la carrure vocale du rôle-titre. Le revoici filmé par Don Kent, en plusieurs prises vraisemblablement, et avec l’appui des micros de scène. En tant que tel, le résultat fait baisser les armes aux plus rétifs. O Et tout d’abord quant à la fantastique direction d’acteurs de Jean-François Sivadier. A l’exception, notoire, de Ludovic Tézier (Germont), aussi louable baryton que piètre comédien, tous les autres interprètes, y compris les figurants, s’investissent avec une précision diabolique dans ce drame. Les gros plans du réalisateur détaillent avec un soin quasi chirurgical le long calvaire de cette pauvre fille coupable d’avoir cru en la bonté humaine. Et il n’est rien de dire combien Natalie Dessay se montre ici une bouleversante Violetta. Bien sûr, même dans ces conditions de captation, le profil vocal du soprano français n’est pas le bon, mais ce qu’elle fait de ses moyens actuels conjugués à ses talents de tragédienne relève du miracle. Cette petite flamme qui s’éteint en un ultime rougeoiement n’est pas près de nous quitter et va longtemps hanter le Parnasse de nos Traviata préférées. Le ténor new-yorkais Charles Castronovo lui donne une réplique exemplaire. Formidable d’engagement scénique, il chante un Alfredo au phrasé somptueux d’élégance et de ligne. Son timbre clair et d’une parfaite limpidité de grain, sa musicalité de chaque instant, l’excellente homogénéité de l’émission et de la projection sur un ample ambitus ajoutent évidemment à la perfection du portrait vocal que ce ténor nous propose. Il fallait ce niveau d’excellence pour survivre à la Traviata de Natalie Dessay. Si la direction du London Symphony Orchestra de Louis Langrée n’appelle pas plus de louanges que de critiques, peut-être faut-il souligner le caractère global un rien abscons de cette production qui laisse parfois à quai quelques aspects pourtant fondamentaux de ce drame. A ces réserves près, non rédhibitoires, cette captation est un vrai monument qui vous laissera les larmes aux yeux.

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