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Le cri silencieux de l’océan

Benoit d'Halluin - Photo : Didier Ours

Le premier roman de Benoit d’Halluin (Une nuit sans aube – 2022) nous avait alerté sur l’émergence de cet écrivain franco-canadien.  Son second opus confirme toute l’attention que nous devons lui porter. En plein hiver 2023, Benoit d’Halluin se réfugie littéralement à Nice. C’est là qu’il va écrire Un cri dans l’océan, alors que le Covid n’en a pas fini. L’auteur a toujours été très sensible à la cause des océans. Il va prendre l’Océan indien comme décor de son roman. Ce choix géographique est tout sauf innocent. Nanti d’une incroyable information, le romancier nous parle d’une impensable vérité : l’esclavage en mer. Au large de la Thaïlande, on estime à quelque 250 000 le nombre de pêcheurs travaillant par force sur des bateaux.

Pour évoquer cette catastrophe sociale et humanitaire, Benoit d’Halluin nous met dans les pas d’Olivier et de son amant, Arun. En vacances en Thaïlande, ils se disputent et sortent un soir chacun de leur côté. Dans un bar, Arun est pris d’un malaise. Il va se réveiller sur un matelas, prisonnier dans la cale d’un bateau de pêche, en haute mer. Pendant qu’Olivier se morfond sur le sujet de leur dispute et sur la disparition du jeune homme, l’enfer se déchaine pour Arun. Esclave sexuel autant que travailleur de force, Arun comprend rapidement que sa vie s’achèvera sur ce navire. A terre, Olivier tente l’impossible pour le retrouver.

C’est un thriller nanti d’un suspense étouffant. Mais ce n’est pas que cela. Au travers de son roman, Benoit d’Halluin nous parle d’amour certes, d’une incroyable odyssée à la recherche d’un homme perdu, mais aussi, et peut-être surtout, des dérives de notre monde et ici plus particulièrement du véritable carnage dont sont victimes les océans, citant l’océanographe américaine Sylvia Earle : « L’océan est l’écho de notre existence : immense et fragile à la fois. Sans lui, nous ne sommes rien ». Une réflexion qui devrait nous interpeller. Pour le moins. Avec ce livre, l’auteur apporte une pierre aussi précieuse que passionnante et sensible à la défense de ces immensités qui font que la terre s’appelle aussi la Planète bleue.

Un « cri » à relayer de toute urgence.

Robert Pénavayre

« Un cri dans l’océan » roman de Benoit d’Halluin – XO Editions – 448 pages – 21,90€

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